Même combat pour défendre nos territoires, nos produits de qualité, la traçabilité de notre alimentation et notre cadre de vie : c’est un appel à un front uni contre les accords Mercosur et Ceta qu’ont lancé les responsables agricoles et Lydie Bernard, vice-présidente du Cconseil régional des Pays de la Loire en charge de l’Agriculture et de l’Alimentaire, lors d’une conférence de presse en Vendée le lundi 15 juillet.
Les négociateurs de la Commission européenne et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) ont finalisé un accord commercial, alors que l’Assemblée nationale s’apprête à ratifier, ce mercredi, le traité de libre-échange avec le Canada (accord Ceta).
Dans ce contexte, la FRSEA et Jeunes agriculteurs Pays de la Loire ont convié la presse à une conférence ce lundi 15 juillet, en présence de Lydie Bernard, vice-présidente du conseil régional des Pays de la Loire, et d’Alain Denieulle, président d’Interbev Pays de la Loire (interprofession bovine), pour lancer l’alerte sur le danger que représente l’importation de produits qui ne respectent pas les normes de production françaises.
La conférence de presse s’est déroulée chez Jordy Bouancheau, co-président de Jeunes agriculteurs de Vendée et installé depuis deux ans en Gaec avec 3 autres associés en production de viande bovine, volailles et céréales aux Noues cailloux (Les Lucs sur Boulogne, 85). Près de 100 hectares de prairies naturelles sont valorisés par des bovins car vallonnés et en bord de rivières.
Jordy Bouancheau dresse un constat amer de la situation : « Ce n’est pas l’élevage qui permet de gagner notre vie car le prix de la viande payé au producteur est en-dessous de nos coûts de production ». Alors, il interroge : « Comment peut-on se permettre d’importer des produits dans l’Union européenne quand déjà, sur notre territoire, on a du mal à faire vivre nos producteurs ? » Une telle conjoncture freine l’installation des jeunes et met en danger le renouvellement des générations en agriculture, alors qu’en Vendée, on comptabilise 400 départs et 200 installations par an.
Les coûts de production. Un sujet qui était au cœur des États généraux de l’alimentation. Tout comme celui de la montée en gamme. Mais Cédric Mandin, secrétaire général de la Fédération nationale bovine et éleveur en Vendée, alerte : « Les conditions de production au Canada et dans les pays du Mercosur sont loin de respecter nos standards élevés de production : utilisation de farines animales, d’antibiotiques activateurs de croissance, OGM… » Un constat qu’appuie Alain Denieulle : « Nous avons des exploitations familiales en France. Là-bas, ce sont des exploitations cent fois voire mille fois plus grandes. »
« Avec le traité de libre-échange signé avec le Canada (Ceta), des aloyaux (morceaux de viande bovine haut de gamme consommés en France) vont entrer en France à des prix défiants toute concurrence. C’est toute la filière viande bovine qui sera touchée, sachant qu’un éleveur, c’est sept emplois induits », rappelle Alain Denieulle. « En Pays de la Loire, l’agriculture et l’agro-alimentaire c’est 20% du PIB régional et 10% des emplois. » ajoute Lydie Bernard, vice-présidente du conseil régional des Pays de la Loire en charge de l’Agriculture et de l’Alimentaire.
Sur le plan environnemental, la production de viande bovine valorise des surfaces de prairies, des haies, des bosquets, qui constituent le seul stockage naturel de carbone. L’agriculture est source de solutions. Défendre nos territoires, nos produits de qualité, la traçabilité de notre alimentation et notre cadre de vie : « Ce combat ne doit pas être seulement le combat des agriculteurs, ce doit être aussi celui des citoyens et des consommateurs. La question qui est posée aujourd’hui, c’est celle de la sécurité alimentaire au sein de l’Europe. » lance Lydie Bernard. Et de conclure : « Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire, a proposé aux présidents de Régions de cosigner une tribune pour interpeller Emmanuel Macron. »
Source Agri85