Plus ou moins bouillante, sous pression ou pas, additivée ou pas, l’eau possède des propriétés herbicides, dont certaines laissent envisager une alternative aux matières actives chimiques.
Et si l’eau, principal constituant des applications herbicides, pouvait se suffire à elle-même pour éliminer, sinon pour contenir les mauvaises herbes en-dessous d’un seuil de nuisibilité ? La question peut paraître saugrenue mais plusieurs expérimentations et réalisations entretiennent l’espoir. Côté recherche, le projet de recherche européen Dockweeder, auquel contribue la coopérative Terrena, s’attèle au rumex, lequel entame la productivité des prairies au-delà d’un spécimen tous les 5 m2. Le projet consiste à mettre au point un robot capable de détecter la vivace, de jour comme de nuit, avec une fiabilité supérieure à 90 %, avec l’aide de l’intelligence artificielle. Une fois détecté, le rumex est ciblé par une double roto-buse pulvérisant de l’eau chaude (90°C) à forte pression. Efficace.
Eau chaude à 120°C
L’entreprise bretonne Oeliatec joue également sur la température et la pression pour venir à bout des adventices. Après les machines dédiées aux collectivités et paysagistes et après trois années d’essais, elle décline son concept pour la vigne et les vergers. L’eau, éventuellement de récupération, est chauffée à 120°C puis propulsée à basse pression sous forme de micro gouttelettes sur les zones à désherber. La désherbeuse progresse à la vitesse de 2,5 km/h et consomme l’équivalent de 1500 l/ha d’eau pour un traitement en plein et entre 20 à 25 l/ha de carburant. Elle peut être adaptée à différents porteurs (attelage trois points, remorque, tracteurs inter-ligne, enjambeurs) et recevoir différents gabarits de diffuseurs.
Mousse à 95°C
L’entreprise anglaise Weedingtech a de son côté recours à un additif, en l’occurrence Foamstream, fabriqué à partir d’huiles et de sucres végétaux issus de colza, de maïs, de blé, de pommes de terre ou encore de noix de coco. Les sucres et les huiles ont la propriété de créer un effet choc thermique, plus important que celui généré par de l’eau seule. La température de l’eau en sortie de lance est volontairement maintenue sous 100°C, ce qui permet de générer une mousse épaisse ayant pour effet de ralentir la baisse de température. On considère en effet que l’effet herbicide de l’eau chaude s’estompe en dessous de 57°C. Grâce à la mousse, l’exposition des mauvaises herbes à la chaleur comprise entre 10 et 20 secondes. Pensée pour les collectivités, la solution a donné des résultats très probants l’an passé dans le vignoble de Cognac. L’entreprise travaille à la mise au point d’un prototype spécifique pour des applications au vignoble.