Ses vaches sont des Vosgiennes rustiques, plus résistantes que d’autres, qui paissent sur les hautes chaumes des Vosges, à 1 200 mètres d’altitude, et pourtant, face à la multiplication des sécheresses et canicules, Florent Campello s’inquiète d’un avenir très incertain.
Ça fait 100 ans que l’exploitation existe et on n’avait jamais eu besoin de faucher cette piste ! ». Ce lundi matin, l’éleveur s’active en tracteur, accompagné d’« un collègue chevrier qui est aussi en dèche de fourrage », sur une piste de ski de La Bresse-Hohneck. Une année « normale », l’herbe aurait été broyée à l’automne, avant le début de la saison de ski, mais cette fois elle servira à nourrir les Vosgiennes de l’éleveur, touché par lasécheresse pour la quatrième année consécutive et une canicule précoce. Ses vaches, qui passent 4 à 5 mois sur la crête entre Alsace et Lorraine, et le reste de l’année dans la vallée de Munster, ne sont nourries qu’à l’herbe, non au maïs comme nombre de vaches des plaines.
Il y a dix ans, 185 hectares suffisaient à nourrir ses 120 bêtes : aujourd’hui, la même surface ne produit plus assez pour un troupeau réduit de moitié. « Cette année, je me prépare à acheter pour 15 à 20 000 euros de fourrage, c’est l’équivalent de 1,5 tonne de munster », calcule Florent Campello, chapeau de feutre sur la tête, sous un soleil déjà chaud. Le mercure devrait monter jusqu’à 36 degrés jeudi à La Bresse. « Il y a 10 ans, quand on avait 25-26 en haut, on trouvait ça énorme. En juin, on a eu un jour à 34 degrés. Toutes les vaches étaient dans la forêt », raconte l’éleveur. Sous un télésiège à l’arrêt, ses vaches dont la raie blanche sur le dos évoque la neige qui coiffe – pour combien de temps encore ? – le massif vosgien l’hiver, ruminent dans une prairie desséchée, presque dépourvue de fleurs. Des fleurs censées donner leur goût aux fromages fabriqués avec leur lait.