« Il n’y a pas de fatalité » : Emmanuel Macron s’est rangé « aux côtés » des éleveurs bovins en graves difficultés, leur proposant que l’Etat finance la construction d’abattoirs pour échapper à l’emprise du groupe dominant dans le secteur de la viande, accusé de maintenir des prix trop bas.
A peine arrivé le 4 octobre au Sommet de l’élevage, après trois heures de « grand débat » sur les retraites à Rodez la veille, le chef de l’Etat a assisté sur le grand ring du salon au concours inter-régional Salers. « Je voulais apporter un message d’amitié, la situation est difficile, je serai à vos côtés aujourd’hui et demain » a dit le président au micro. Alors que deux députés la République en Marche, Roland Lescure et Jean-Baptiste Moreau, ont été pris à partie et expulsés du Sommet le 3 octobre par des éleveurs dans une ambiance tendue, le président a rencontré à huis clos Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB) et Patrick Benezit, responsable de la FNSEA.
Il a ensuite parcouru les allées du salon en compagnie de Didier Guillaume en parlant aux exposants et au public. « Aidez-nous ! », lui ont lancé plusieurs agriculteurs à son passage, « Donnez-nous des perspectives pour le monde agricole, car on a le sentiment que la société française ne veut plus de monde agricole ». « On est mal, c’est le matraquage qui est dur, on a l’impression d’empoisonner les gens », lui a crié une éleveuse. « J’en peux plus non plus de l’agribashing », leur a répondu M. Macron.
« On est des couillons nous-mêmes »
Interpellé sur le Ceta, le président a renvoyé la balle dans le camp français. « Les difficultés qu’on a aujourd’hui n’ont rien à voir avec le Ceta ! » a-t-il dit. « Notre problème aujourd’hui est que nous ne savons pas valoriser correctement ce qu’on produit ». « On va devoir investir pour aider la filière, mais il faut que les producteurs s’organisent pour ne plus dépendre des gros acheteurs » a-t-il lancé en fustigeant la baisse du prix des broutards « de 15 à 20% en juillet ».
« C’est à nous de nous réorganiser, d’investir (…) il n’y a pas de fatalité » a martelé le président qui souhaite « qu’on arrête » le système français tournant autour d’un seul acteur dominant dans le monde de la viande, le groupe Bigard. « Il y a un acteur qui vous achète la viande au prix le plus bas possible pour faire sa rentabilité, il faut qu’on arrête avec ce système » a-t-il dit. « On est des couillons nous-mêmes » a lancé le président.
M. Macron a proposé aux représentants de la filière bovine que l’Etat investisse dans des abattoirs « dans quelques bassins où les mecs sont prêts à se structurer », en utilisant le grand plan d’investissement agricole annoncé dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation. « Notre problème est que 70% de la viande qu’on mange dans les restaurants en France n’est pas française » a lancé le président.